Rencontre de Clément GIRARD, ancien collaborateur de Cécile Duflot

 

Voici quelques-unes de ses réflexions...

 

 

- Juillet 2014 -

La démocratie en France sous la Vème République
et au sein de l'Union européenne plus largement

Selon Clément, le système constitutionnel de la Ve République Française n'est pas ce qu'on peut appeler un modèle de démocratie. Avec un pouvoir exécutif fort, symbolisé par son président-monarque, il favorise la stabilité politique du régime mais ne permet pas de bénéficier de contre-pouvoirs législatifs et juridiques parfois sommaires. L'élection au suffrage universel du président est vraiment l'arbre qui cache la forêt des manques pour ériger une véritable éthique démocratique qui implique les citoyens à la vie de la cité. Voilà pour le cadre.

Problème, les dernières crises du capitalisme et la précarité qu'elles ont générée ont provoqué une tension au sein de chaque démocratie européenne qui favorise et favoriseront pour quelques années encore deux dynamiques politiques dans nos pays : 
- le repli sur soi qui s'exprime par le besoin d'une autorité politique forte et la résurgence de repères traditionnels sinon conservateurs, ce qui obère un recul de la démocratie (étant donné les scores de l'extrême droite en France et en Europe, sinon exceptions vous pouvez constater de visu le ravage de cette réaction).
- l'émergence d'alternatives et de nouvelles organisations sociales qui réinvente nos modes de vie comme notre rapport à la politique et réaliserait ainsi une démocratie plus participative, plus intelligente à mon sens, même si plus difficile à instaurer et à capitaliser au niveau politique (et pourtant bon nombre des mouvements des Indignés, des associatifs, des écologistes ou de l'extrême gauche en Europe participent à cette évolution).
Voilà pour le contexte.

Le soucis, selon Clément, est que la Ve République bride la production de telles alternatives participatives. Même si celles-ci restent encore très localisées, elles contiennent souvent les germes de ce modèle plus ouvert, plus horizontal, plus réaliste aussi.

C'est pourquoi, Clément s'entend tout à fait avec la ligne d'EELV, en faveur d'une nouvelle constitution qui instaure une démocratie parlementaire, donne plus d'indépendance à la justice et dont les scrutins favorisent la proportionnelle. Nous militons également pour un modèle régionaliste qui décentralise un peu plus encore le pouvoir concentré aujourd'hui à Paris et fournisse plus d'outils aux collectivités territoriales et locales pour se réinventer et affronter le monde en crise.

L'Union européenne (ci-après "U.E"), de son côté, a ceci de particulier qu'elle s'est construite sans l'implication de ses populations, ce qui peut en partie expliquer le manque d'intérêt profond des Français sur la question. Pourtant les enjeux ne sont pas des moindres: l'U.E concentre un pouvoir politique important, commercial et juridique surtout, mais aussi diplomatique. 

Las, le pouvoir reste aux administrations bruxelloises, nommés par les chefs d'Etats des pays membres - résurgence d'abus de pouvoir exécutif - au détriment du pouvoir du Parlement Européen qui est pourtant l'instance la plus démocratiquement élue (à la proportionnelle sur une échelle tout de même importante) mais ne conserve qu'un rôle consultatif. De la même manière qu'au niveau national, Clément est partisan d'une Europe fédérale dotée d'un pouvoir parlementaire plus important.

Pour ne pas plus s'épancher et nous offrir un semblant de conclusion, Clément explique que l'on peut garder en tête que la vision de la démocratie par EELV progresse petit à petit dans la société : le besoin de renouvellement et de changement des pratiques des élus, la création d'entités régionales et locales plus fortes, une participation accrue du citoyen à la vie de la cité ... voilà des dynamiques à l’œuvre dont on retrouve l'esprit (de façon plus ou moins embryonnaire) dans la récente réforme territoriale, la création de class actions ou l'invention des référendums d'initiative populaire à échelle locale, ... Dans le même temps, il faut prendre garde, nous confie Clément, de l'importance des "autoritaristes" dont le discours trouve facilement échos chez les populations les plus sinistrés et qui n'ont plus d'autres espoirs que de voir un jour survenir un messie... surtout lorsque des partis comme le Front National arrive faire passer ces messages via une image "anti-système" qui ne les caractérise pourtant en rien.